« Cy commencent les chroniques de Cahogne, commencées par honorable et discrète personne Geoffroy de Langis et continuées après sa mort furent compilées et parfaites par vénérable homme Euphème Rossignol. Afin que honorables emprises et nobles aventures et faits d'armes, lesquelles sont avenues en Landes, en Plapaïs, en Marche et en Moroinnes par les guerres de Cahogne soient notablement registrées et mises en mémoire perpétuelle, par quoi les preux aient exemple d'eux encourager en bien faisant, je veux traiter et recorder histoire et matière de grand'louange, car faits d'armes qui si chèrement sont achetés doivent être donnés et loyalement départis à ceux qui par prouesse y travaillent. » - Tomasson, extrait des chroniques de Cahogne. Résumé avant le Xème siècleLes Mördwyms et l'Ancien Empire
Haut-Rois
Béothas
Iodoque
Naghan
Siubine
Céléagor
Buadaghan
Aerthal
L'installation humaine dans ce qui deviendra à partir du VIIème siècle la Cahogne date de plus de 5 000 ans. Les Mördwyms passent pour être les premiers habitants de la région, sans que l'on sache s'ils en sont autochtones ou non. A l'époque, le pays s'appelle la Cantabrie et les Mördwyms y développent une civilisation riche et élégante fondée sur le culte de la nature. Divisés en clans rivaux, les Mördwyms ne doivent leur unification qu'à la menace que fait peser sur eux l'Ancien Empire à l'Ouest. Au milieu du IIIème siècle, Béothas le Choisi est élu par les chefs de clans pour devenir le premier Haut-Roi. Lui succéderont six autres rois qui organiseront la défense du pays contre les impériaux, avant la défaite finale du Haut-Roi Aerthal à Caer Lugut vers les 330, où il rend les armes devant le général impérial Cassion Ménélius. Le Haut-Royaume est alors annexé à l'Ancien Empire et divisé en deux provinces, la Cantabrie supérieure et la Cantabrie inférieure. Les impériaux vont introduire dans le pays leur langue, leur religion et leur mode de vie et importer leur réseau routier et leur organisation en cité avec la fondation de grands centres urbains : Vallicollorion (Vaucouleur), Lacusdonion (Beaulieu-du-Lac), Bautricus (Beaucerre), Vadicion (Vassy), Vindocinion (Vendaume), Solantium (Soulans), Rogomatus (Rodiez)...etc. Sous l'administration des proconsuls, les provinces de Cantabrie vont devenir une région prospère et riche. Le fleuve de la Garde deviendra la limite orientale de l'Empire où s'établira le limes, zone frontalière militarisée renforcée de murs et de bastions fortifiés. C'est à cette époque que cette zone sera surnommée les Franges Orientales (sous entendu, de l'Empire). La présence des Mördwyms, que les poètes Cahons appellent le "premier peuple", est encore très présente en Cahogne, à la fois dans le paysage et dans les mémoires des habitants, par les ruines de leur temples et forteresses qui ne cessent d'alimenter l'imaginaire collectif. Encore aujourd'hui ils inspirent les artistes Cahons et leurs mythes forment ce qu'on appelle la matière de Cantabrie, source inépuisable de la littérature courtoise. ► Les racines mythiques du royaume Cahon
Rois des Cahons
Régne
--Les Théodorides--
Théodomond
Radegaud
Caribald
Thierry Ier660-687
Radulf Nez-Long687-711
Hugobert le Fort711-737
Gontran Ier737-756
Thierry II756-762
Radulf II le Chevelu762-776
Godobert776-788
Radulf III788-797
Gontran II797-814
Radulf IV814-840
Radulf V840-877
Gontran III877-879
Thierry III879-882
Thierry IV882-888
Thierry V888-898
En 601, l'hiver est tel que le détroit d'Hagen se gèle, permettant aux Manns, fédération de tribus barbares du Septentrion, de l'emprunter à pieds pour fondre sur les terres de l'Ancien Empire. Celui-ci, en déclin depuis déjà plusieurs décennies, est épuisé par le mauvais climat, des épidémies successives, des tensions sociales, une forte récession économique et par des querelles dynastiques incessantes qui l'ont grandement affaibli. L'invasion Manns ne sera pas la cause de la chute de l'Ancien Empire mais sa conséquence, et la bataille des Champs Carmins, qui verra la mort du dernier Empereur Démétrion VIII, ne sera que le coup de grâce pour un État perdu depuis longtemps. Les Cahons, l'une des tribus fédérées, migreront vers l'Est pour atteindre la province de Cantabrie. Le roi des Cahons Théodomond n'aura aucun mal à vaincre les maigres forces du courageux généralissime Aelion Constantinus, dernier représentant de l'autorité impériale en Cantabrie, qui disparaîtra dans la bataille avec la dernière province impériale libre. Privée de leader, la Cantabrie et le reste des Franges Orientales ne pourront que se laisser envahir. Les trois premiers rois Cahons sont semi-légendaires et leur réalité historique fragile, l'histoire des débuts du royaume Cahon restant floue par manque de source. Les clercs du XIIème siècle se sont efforcés de rendre une chronologie cohérente en se basant sur les quelques textes anciens traduit du vieux-cahon. Après les trois premiers rois mythiques Théodomond, Radegaud et Caribald, Thierry Ier passe pour le premier vrai roi Cahon historique. Sa conversion au triaphysisme marque un tournant dans l'histoire de la future Cahogne, mais celle-ci relèvera plus du pragmatiste politique que de la véritable foi : en minorité dans un pays dominé par une puissante aristocratie sénatoriale et épiscopale, les chefs barbares se rendent comptes qu'il leur sera difficile de contrôler leurs nouvelles conquêtes sans le soutien de cette élite. En se convertissant, les barbares procèdent à leur union avec l’ancienne élite impériale et feront des évêques et des patriciens des agents de leur gouvernement. Au fil du temps, élites barbares et impériales fusionneront pour ne former plus qu’un seul groupe dominant. Avec le triaphysisme, les rois Cahons adoptent des symboles et des titres de l'Ancien Empire, se faisant généralissime, vicaire impériale ou maître de milice, arborant l'aigle de Mésie sur leur monnaie et s'y faisant représenter en tenue d'Empereur, portant la cape de pourpre et le diadème de laurier. Pour beaucoup aujourd'hui, l'époque du royaume Cahon reste une période d'indépendance et de liberté marquée par l'union nationale, dont Thierry V, le dernier roi des Cahons, sera l'un des symboles.
Le tournant du Xème siècleLa conquête de Godfred
Menacé à l'Est par les nomades Kichiques qui mettent à feu et à sang la Wisimanie, le Triarque, chef suprême de l'Église triaphysite, pose la couronne impériale sur la tête de Godfred le Grand, roi des Gallancs. Par ce geste, Godfred restaure l'Empire après 300 ans d'interruption. Godfred, fait Empereur et patrice des Apôtres par le Triarque, se sent alors investit d'une mission divine, celle de convertir le monde et de restaurer l'Empire universel. Ni le Triarque ni Godfred ne pouvaient tolérer l'arrogante indépendance des pays cahons en marge du Nouvel Empire. Éloignées de la tutelle du Triarque par sa position géographique, le triaphysisme avait pénétré dans les Franges que partiellement et pas toujours sous la bonne forme. A peine la couronne impériale vissée sur la tête que Godfred se met en tête de conquérir le royaume Cahon hérétique et d'y imposer la vraie religion à ses habitants. La Cahogne royale était une terre de liberté et de tolérance que les chroniqueurs impériaux jugeaient décadente, insistant sur les mœurs dissolues de ses rois et fabulant sur les rites des Cahons hérétiques ou restés païens qui s'adonnaient, selon eux, à des sacrifices sanglants et à l’anthropophagie. Ils y dépeignent les Cahons comme des êtres frustres, cette « race perfide et infidèle ». En vérité, la cour du roi des Cahons était un centre prestigieux de culture et de civilisation dont Godfred devait être jaloux. De tout temps, la Cantabrie, de part son éloignement des centres de pouvoir impérial comme religieux, avait été un laboratoire d'idées et d'expérimentations théologiques, permettant par exemple les prédications du prêtre cantabrien saint Judicaël, qui en prônant la pauvreté et la modestie a fondé le courant du judicalisme. Les rois Cahons n'étaient pas réputés pour leur zèle et aucun ne s'était affairé à convertir son royaume, si bien que sous leurs règnes le triaphysisme avait reculé dans les campagnes et les hérésies proliféré. De plus, malgré leur conversion, les Cahons gardaient un certains nombre de mœurs barbares comme la pratique de la polygamie ou la crémation de leurs morts, ce qui était insupportable pour le Triarque et l'Église orthodoxe.
En début d'année 901, Godfred pénètre en Cahogne avec ses armées et répand la terreur dans tout le pays, renversant les idoles, brûlant les temples dédiés aux dieux païens et massacrant tous ceux refusant de se convertir. Thierry V se replie à l'Est et rassemble ses forces. Mais depuis longtemps, la position des rois n'était plus aussi solide qu'autrefois et c'est avec une armée réduite que Thierry viendra se présenter devant l'Empereur. Vaincu et capturé, le dernier roi des Cahons sera tondu puis écartelé avec tous ses partisans. La guerre continuera quelques années encore par une résistance acharnée de quelques courageux Cahons, mais le royaume sera définitivement perdu. Victorieux, Godfred s'installe à Saint-Galant-des-Monts et fait brûler le chêne sacré, totem religieux païen mais aussi symbole de la tolérance du pays où fidèles et infidèles vivaient côte à côte en harmonie. Après la conquête du royaume Cahon, il fera abolir le royauté avant de confier le pays à un duc avec des pouvoirs militaires étendus qui prend le titre de dux cahonum, duc des Cahons. C'est la naissance du duché de Cahogne (ducatus cahonum). Résistant courageux de la déferlante du roi des Gallancs, Thierry V l’Écartelé restera pour beaucoup de Cahons un héros de la lutte contre l'Empire et deviendra l'un des sujets préférés des poètes du pays qui chanteront la paix et l'harmonie du royaume avant l'arrivée des hordes de Godfred. Aujourd'hui, la conquête de Godfred est jugée différemment selon les besoins politiques. Certains y voient l'arrivée de la civilisation, l'affirmation de la vraie religion et l'incorporation des Franges Orientales au Nouvel Empire. D'autres, lorsqu'il s'agit de protéger l'indépendance face aux prétentions impériales, y voit une conquête militaire par une puissance étrangère, prétextant un motif religieux pour massacrer et ravager un pays prospère où il faisait bon vivre. Godfred apparaît alors soit comme un héros civilisateur, instigateur de la Cahogne moderne, soit comme un monstre sanguinaire ayant détruit un pays et sa culture. ► Les ducs Guillaume Ier, Bertrand Ier et Foulque ou la construction d'un pays
L'Empereur crée un duché sur l'ancien royaume et fixe ses frontières : au Sud le massif de la Cordillère, à l'Est le fleuve de la Garde, à l'Ouest le fleuve de l'Aune, et au Nord la mer d'Adrien. Puis afin de maîtriser ce grand espace nouvellement conquis et contrôler sa population turbulente, il nomme l'un de ses proches, Guillaume, un chevalier gallanc qu'on surnommera rapidement Guillaume le "Cahon" (Wilhelm der Caonsch, dans les chroniques gallanques), avec le titre de duc des Cahons (dux cahonum). Ce n'est que bien plus tard que les clercs feront de Guillaume l'époux de Ermangarde, dernière fille de Godfred, afin de s'attribuer le prestige et le charisme du grand empereur et renforcer la légitimité dynastique. En devenant duc, Guillaume fonde la dynastie des Wilhemides, ou première maison de Cahogne, qui régnera sur le pays jusqu'en 1089. Son avènement coïncide avec l'arrivée de Sabin, abbé d'Ariès en Julienne, envoyé par le Triarque pour convertir les Cahons païens et hérétiques à la vraie religion. Sabin et Guillaume vont s'allier pour faire plier la résistance cahonne et imposer à la fois le nouveau pouvoir et la nouvelle religion. C'est l'abbé qui aura l'idée, une fois investi du titre d'Archevêque de Cahogne, de sacrer Guillaume à l'image des anciens rois afin de le faire accepter des Cahons comme souverain mais aussi pour disposer d'une figure sacrée capable d'imposer la religion par la force. Les clercs du XIIème, en recherche d'un héros fondateur, feront de Guillaume le Preux l'artisan de la Cahogne moderne, quitte à jouer avec la réalité historique en lui attribuant l’œuvre de ses successeurs Bertrand et Foulque pour en faire l'unique père de la nation. C'est par exemple Bertrand, et non son père Guillaume, qui fera rédiger les lois et coutumes du peuple Cahon (qu'on appellera pourtant code Guilémien), et c'est Foulque qui sera le premier à réunir les États de Cahogne, successeur du placitum general, l'assemblée des hommes libres dépositaires de la légitimité qui entourait le roi.
L'Archevêque et les trois premiers ducs, vont véritablement construire le pays. Sabin d'Ariès va former un clergé local, établir des évêchés, bâtir de nouvelles églises, ouvrir des écoles afin de former les clercs Cahons, et faire de l'Apôtre Adrien le saint patron du pays. Il se lance dans une vaste entreprise de correction de la foi cahonne pour l'expurger de ses erreurs, notamment par la construction de monastères qui deviennent des pôles de diffusion de la religion et la mise en circulation de copies de psautiers, missels et Cantos fiables importées directement d'Antiparte afin de réaliser l'unité liturgique de la Cahogne et de l'intégrer à l'Église de l'Empire. Guillaume Ier (901-918) va soumettre les Cahons rétifs au nouveau pouvoir et rétablir le pays en commençant par organiser un inventaire des biens ducaux via le premier grand recensement de l'histoire de la Cahogne. Il fait fondre une nouvelle monnaie, restaure une partie du réseau routier antique délaissé par les rois Cahons, crée des marchés dans les villes épiscopales et remet en état l'antique limes impériale le long du fleuve de la Garde afin de défendre la frontière Est de l'Empire contre les incursions Dremmens.
Bertrand Escolare (918-946), fils de Guillaume, met en place une école dans son palais afin de former les scribes de sa chancellerie, nécessaire à la bonne administration du duché. Sous son règne la cour ducale devient un foyer culturel important où les jeunes aristocrates viennent recevoir l'éducation des grands maîtres attirés par le bouillonnement intellectuel et artistique du nouveau duché. La Cahogne devient un point de convergence des savoirs et le centre d'innovations majeures. Foulque le Libéral (946-967) sera le grand initiateur de l'économie cahonne. Il plante les premières vignes dans les Landes, améliore l'exploitation des mines de la Crête, favorise les défrichements en accordant des privilèges fiscaux aux détenteurs des nouvelles terres créées et fait assécher les marais et aménager les côtes, notamment par la fondation de Saint-Clair à l'embouchure du fleuve de la Bréa qui devient le grand axe commercial du duché. En 916, l'Empereur Manfred reconnaît à Guillaume l'hérédité de ses titres ce qui lui permet de faire sacrer son fils Bertrand. L'Empereur instaure dans le même temps la charge de comte palatin pour gérer le fisc impérial et surveiller les ducs. En Cahogne, la charge est confiée à Raoul l'Ancien, fondateur de la dynastie des Raouliens et ancêtre de Raoul Ier qui s'accaparera à titre personnel l'ancien fisc impérial pour restaurer le duché en 1099. Situés à l'extrémité Est, loin des centres de l'Empire, les ducs vont en profiter pour prendre peu à peu leur autonomie, exerçant leur pouvoir comme de véritables souverains et faire de la Cahogne l'une des principautés les plus puissantes de l'Empire. ► Les ducs Bertrand II, Guillaume II et Guillaume III faces aux invasions vikings
Après la vigueur des trois premiers ducs, véritables fondateurs du pays, le règne de Bertrand II (983-1001) apparaît comme le début de la lente déliquescence du duché et la perte progressive du pouvoir des ducs, aidés pour cela par les premiers raids vikings sur le Nord de l'Empire. Les incursions atteignent les côtes du Pays-Plat dès 980, puis s'intensifient sous les règnes de Guillaume II (983-1001) et Guillaume III (1001-1007). Le processus de fragmentation féodal va s'accentuer à partir de Bertrand II. Rapidement, la féodalité mise en place par les trois premiers ducs devient ingérable pour leurs successeurs. Les barons instaurés par les ducs font souches dans les régions où ils sont installés. Ils y constituent d'importantes clientèles grâce aux ressources qu'ils tirent de leur domaine, puis s'emparent des riches abbayes et des sièges épiscopaux qu'ils réservent à leurs proches et à leurs enfants. Leur fidélité ne s'obtiendra que par la concession de privilèges qui ne viendront que sanctionner un état de fait et poser à terme les bases d'un pouvoir local autonome. Dès lors, les barons cessent d'être de simples fonctionnaires du pouvoir ducal et vont relâcher leurs liens avec les ducs en transformant leurs circonscriptions qu'ils gouvernaient par délégation en patrimoine héréditaire, créant de petites principautés autonomes. La primogéniture s'impose partout sans contestation et l'unité du duché fondée sur des liens horizontaux unissant l'aristocratie autour du duc s'effondre avec l'apparition des lignages locales et leur solidarité verticale. Ne pouvant plus compter sur la mobilité des charges pour se créer de nouvelles fidélités, les ducs devront puiser dans leur fisc personnel pour trouver de nouveaux vassaux, ce qui à terme va les affaiblir. Ce sera la préoccupation majeure des ducs toujours en recherche de terres à distribuer et lorsque le fisc viendra à manquer, ils iront spolier les biens monastiques et épiscopaux afin d'augmenter le nombre de leurs fidèles. Mais cette politique de sécularisation leur aliénera le clergé.
Si l'essentiel du règne de Bertrand sera consacrées à endiguer l'éclatement féodal, à maîtriser la noblesse turbulente et à éteindre les velléités d'autonomie des barons, les dernières années de sa vie seront presque exclusivement accaparées par la lutte contre les pillards vikings, guerriers marins venus des pays Norges. Lâché par le pouvoir impérial, plus préoccupé par les dissensions dynastiques que par la menace vikings, Bertrand II mettra le duché en défense mais mourra avant de pouvoir mener à bien sa mission. Son fils Guillaume II et son petit-fils Guillaume Nerra (futur Guillaume III) se monteront de dignes successeurs. Brillants guerriers, ils stoppent les Norges à Soulans alors qu'ils remontaient la Bréa pour continuer leurs destructions.
Le siège de Soulans par les armées vikings restera un grand moment de l'histoire de la Cahogne, avec le courageux duc Guillaume qui y trouvera la mort, emporté par la dysenterie avec la moitié des habitants de la ville. Guillaume III sera obligé d'acheter le départ des Norges pour se libérer, mais cet aveu d'échec lui fera redoubler d'effort pour combattre les pillards par la suite. Guillaume III sera un grand bâtisseur de forteresses. Les envahisseurs étant incapables de mener une guerre de siège efficace, les châteaux se multiplieront dans tous le pays. Afin d'améliorer la défense des côtes, Guillaume crée les baillis, représentants du ducs, et place des prévôts dans les villes. Il octroi de grands commandements militaires aux seigneurs locaux et resserre la noblesse autour de lui, orientée vers un ennemi commun. Malheureusement, sa grande œuvre sera stoppée nette par sa mort précoce lors de la bataille de Vaucouleurs. Venue au secours de la ville portuaire assiégée par les vikings, Guillaume III sera tué d'un coup de hache, d'après certaines chroniques donné par le chef de guerre Thankar en personne. ► Bertrand III
La disparition du duc ébranle l'édifice défensif qu'il avait organisé, surtout que le frère et successeur de Guillaume, Bertrand III, n'est pas un guerrier et n'apparaît pas capable de repousser l'ennemi. Les invasions vikings vont ainsi précipiter la restructuration de la féodalité en forçant une nouvelle solidarité au profit des princes locaux, les petits se resserrant autour des grands en échange de leur protection. Les vikings vont contribuer à l'émergence de la seigneurie comme cadre politique et à la création de principautés autonomes centralisées autour d'un défenseur. Bertrand III (1007-1044) est un duc ambiguë aux multiples facettes comme le montre ses nombreuses épithètes : le Malavisé, le Faible, l'Efféminé, ou encore Bertrand le Diable, mais aussi dans un autre registre le Sage, l’Érudit, et même parfois le Grand. Prince savant, dévot, généreux avec les pauvres et soucieux du bien être de son État, il doit sa mauvaise réputation à son mépris pour les moines, ceux qui écrivent justement les chroniques et façonnent la mémoire. Il sera ainsi dépeint comme un prince grossier, lent et incompétent et ses contemporains lui reprocheront sa faiblesse face aux vikings et sa difficulté à donner un héritier au duché. En réalité, le règne de Bertrand III est à réhabilité. Il fut l'un des ducs les plus importants de la première maison de Cahogne, rien que pour la durée exceptionnelle de son règne : 37 ans. Le processus d'éclatement féodal va s'accentuer encore sous Bertrand III. A l'aube de l'an 1000, les invasions vikings se font plus intenses encore. Si dans un premier temps les Norges se contentaient d'attaque rapides avant de repartir chez eux, après l'an 1000 s'ouvre une nouvelle phase où les vikings commencent à s'installer sur les terres conquises. La politique coûteuse de tribus jusque là pratiquée par les ducs de Cahogne, en plus de ruiner l’État, devient inefficace. Se contentant de poursuivre l'action de ses prédécesseurs sans se rendre compte de ce changement de contexte qui la rend obsolète, Bertrand III n'obtiendra aucun succès face aux vikings, ce qui le fera passer pour un duc incompétent aux yeux de ses contemporains. Surtout, il passe pour un traître en déshonorant la mémoire de ses aïeux morts pour protéger la Cahogne en signant un traité de paix avec le chef de guerre vikings Torf le Rouge où le duc lui cède tout le Pays-Plat qui intègre dès lors le royaume de Tancardie. La perte du Pays-Plat sera durement jugée par les chroniqueurs de l'époque, vue comme un acte de soumission à l'envahisseur ce qui vaudra au duc le surnom de Bertrand le Faible. En vérité, en signant la paix avec les vikings, Bertrand ne fait que suivre l'exemple de l'Empereur qui a fait de même avec les chefs des pilleurs. Le péril extérieur réglé laissera les mains libres au duc pour mater la noblesse turbulente toujours prompte à défier son autorité. En faisant d'importantes concessions aux ennemis du duché et en luttant activement contre la noblesse, Bertrand III rétablit l'ordre et la stabilité dans le pays. Prince érudit qui contraste avec son époque, Bertrand III apparaît comme un homme malin et pragmatique mais souffre du portrait dressé par les chroniqueurs. Règne contradictoire qui mêle déclin et sursaut de l'autorité ducale, l'administration de Bertrand III se prête à diverses analyses : on peut y voir une continuité des ducs précédents ou l'amorce de l'affaiblissement ducal des règnes suivants. Quoi qu'il en soit, Bertrand III restera un duc qui aura marqué son époque. ► La régente Constance, les ducs Guillaume IV et Jean ou la lente déliquescence du duché
Tout le règne de Bertrand III sera embarrassé par ses difficultés à avoir un héritier. Il en donnera finalement deux, Guillaume (1044-1052) et Jean (1052-1078), mineurs à la mort de leur père. Les deux seront surnommés les princes Fainéants, et subiront la régence de leur sœur aînée Constance durant toute leur vie. A la mort de son père, Guillaume IV n'a que 10 ans, et c'est sur son lit de mort que Bertrand III demande à sa fille aînée Constance d'assurer la régence du duché. C'est la première fois que la dynastie doit affronter la régence, et celle-ci arrive à un moment crucial où l'autorité ducale est mise à mal par les velléités d'autonomie des princes locaux jusque là enrayées par Bertrand III. Certains grands vassaux profiteront que le sommet de la pyramide féodale soit occupé par une femme et un enfant pour secouer la domination ducale en réclamant plus de liberté. Mais la couronne pu compter sur le soutien de Pierre de Malcoeur, époux de Constance, qui saura juguler la colère des barons et mettre fin à une coalition au prix de multiple concessions.
En vérité, Constance et son époux vont favoriser les grands lignages nobles en limitant les pouvoirs du duc et déconstruire peu à peu tout l'édifice mit en place par Bertrand III. Sous sa régence la cour ducale deviendra le centre des intrigues et des complots, et le pouvoir central finira par se déliter complètement.
La régence prend officiellement fin en 1048, lors des 14 ans de Guillaume, écartant pour un temps Constance et son époux du pouvoir. Mais à 18 ans, un tragique accident de chasse emportera Guillaume et rappellera Constance pour suppléer à la minorité de son second frère Jean. Commence alors la seconde régence de Constance et cette fois, la régente n'abandonnera plus le pouvoir. Pendant 26 ans, Constance va gérer les affaires du duché, de sa famille et d'une grande partie de la noblesse de Cahogne, devenant la femme la plus puissante de l'Empire. Jean, qu'on surnommera "Sans Couronne", restera toute sa vie sous la tutelle de sa sœur, même lorsqu'il atteindra la majorité, perdant la réalité du pouvoir au profit d'une ligue de barons dirigée par son beau-frère Pierre de Malcoeur. Certains traités ne porteront que la signature de "Dame Constance, régente du duché" sans même faire mention du duc, reléguant celui-ci à une fonction d’apparat. Constance ira jusqu'à organiser elle-même le mariage de son frère, prenant la place du chef de famille. Peu à peu, le duc s'efface complètement, enfermé dans son château et ne sortant que pour les événements officiels et les jours de fête. Ce n'est plus à lui que les barons viendront rendre hommage, mais directement à la régente. Constance exerce alors un contrôle total sur le jeune duc, ne le laissant pas parler en public sans son autorisation et lui dictant ses décisions au conseil. Le règne de Jean Sans Couronne sera aussi long que vide. ► Les ducs Thierry l'Aigle, Bertrand IV et Louis Fébus ou la guerre de succession de Cahogne
A son avènement, Thierry (1078-1092) porte en lui tous les espoirs d'un renouveau du duché : son nom fait référence aux rois Cahon et ses cheveux roux rappellent les premiers ducs. Surtout, il est doté d'une forte personnalité, d'un charisme certains et d'une vision éclairée. Montrant dès l'enfance d'intéressantes qualités, Thierry s'opposait déjà à sa tante Constance lorsque son père vivait encore. La régente aurait alors tenté de le faire empoisonner afin de favoriser un fils qu'elle avait eu de son époux, mais elle n'y parviendra pas. Les premières années du règne de Thierry seront consacrées à la lutte contre sa tante. Affaiblis par la mort de son époux Pierre de Malcoeur et par l'age face à un jeune duc énergique, elle sera finalement évincée du pouvoir après un "règne" de 34 ans. Thierry fait ensuite arrêter tous les partisans de la régente et annuler une partie de ses édits, notamment ceux accordant d'importants domaines à sa belle famille.
Malheureusement, le redressement du pouvoir ne durera qu'un temps. Provoquant la colère d'une partie de la noblesse de Cahogne, un complot est fomenté contre le bon duc. Alors qu'il prie seul dans une église, trois hommes entrent en dissimulant sous leurs capes des épées. Thierry est assassiné sur l'autel. Les conjurés ont alors pour projet de mettre sur le trône le cousin du duc, Louis Fébus, fils de Constance et de Pierre de Malcoeur. Mais la trop grande prudence de celui-ci (ou sa couardise) qui diffère sa venue à Saint-Galant où il craint la fureur de la population, permet au comte palatin des Landes, Raoul, de récupérer la veuve de Thierry, Agnès. Enceinte, celle-ci est devenue un enjeu politique majeur qui permet à Raoul de se placer en défenseur du duché, rassemblant autour de la veuve les anciens partisans du duc assassiné. Raoul déjoue les plans des conjurés, en capture une partie et les met au supplice, avant de battre Louis Fébus et son armée, l'obligeant à fuir vers la Julienne. La naissance posthume de Bertrand IV permet un temps à Raoul de se faire baillistre du duché en se faisant le protecteur du jeune duc et de sa mère. Mais la mort de Bertrand IV seulement quelques mois après sa naissance rebat les cartes et ravive les prétentions ducales de Louis Fébus.
Celui-ci, se déclarant héritier légitime, obtient le soutient de l'Empereur qui lui accorde une armée afin de déloger Raoul. Lâché par les partisans de Thierry laissés sans patron légitime avec la mort du jeune Bertrand IV, et devant la puissance de l'armée impériale, Raoul laisse Louis s'emparer de Saint-Galant et se faire sacrer duc à Vendaume. Dés les débuts de son gouvernement, Louis rompt avec la politique de Raoul, dilapide le trésor constitué par le comte-palatin pour récompenser ses proches, abroge plusieurs ordonnances et renvoi les conseillers en place pour nommer des chevaliers Gallancs imposés par l'Empereur, à qui il fait épouser des héritières locales pour infiltrer la noblesse du pays. Rapidement, Louis s'aliène le clergé et la noblesse qui le voient comme une créature de l'Empereur destiné à contrôler l'électorat de Cahogne. Profitant de la colère de la noblesse, Raoul revient à la tête des rebelles. Le conflit éclate en guerre civile, divisant le duché entre les partisans de Louis Fébus et ceux de Raoul des Landes. Louis, abandonné par l'Empereur qui a d'autres préoccupations, fait l'erreur d'engager des mercenaires Dremmens, ennemis mortels des Cahons depuis des siècles, ce qui finit par le discréditer complètement. Lâché par ses derniers soutiens, Louis est vaincu par Raoul qui le capture avant de le faire tondre à la manière du roi Thierry V déposé par Godfred le Grand, puis de le cloître dans un couvent jusqu'à la fin de ses jours. Raoul doit alors faire face à deux dangers : d'un côté une armée de secours envoyée par l'Empereur afin de reprendre le duché, de l'autre les Dremmens réintroduits en Cahogne par l'imprudence de Louis. Raoul bat successivement les Dremmens et stoppe leurs ravages en leur imposant une trêve de 10 ans, puis l'armée impériale, en réalité bien trop faible pour réussir quoi que ce soit, l'Empereur n'ayant plus les capacités pour imposer son favori à la Cahogne. L'assassina de Thierry à seulement 30 ans avorte avec lui le dernier soubresaut de l'autorité ducale avant son effacement pour un temps. Sa mort précoce et inattendue va précipiter la chute de sa dynastie et l'émergence d'une nouvelle. Malgré son énergie et ses évidentes qualités, Thierry souffrira de la même tare inhérente aux derniers Wilhémides : l'incapacité à donner un héritier au duché. A sa mort, il ne laisse aucun héritier et ce n'est que par concours du destin que sa veuve mettra au monde un fils. La mort de ce dernier plongera la Cahogne dans une terrible guerre de succession qui fera imploser le duché, les barons de Cahogne se retrouvant prit entre deux prétendants, ne sachant plus à qui rendre hommage. Beaucoup en profiteront pour se partager les restes du fisc ducal et s'accaparer les droits et les terres réservés au duc. En 7 années de guerre civile, la Cahogne est mise à feu et à sang à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. Seul l'avènement d'un homme providentiel, le comte palatin des Landes Raoul, ramènera l'ordre dans le duché. Le renouveau du XIIème siècleRaoul Ier (1099-1111)
Descendant des comtes palatins des Franges orientales, Raoul est loin d'être un homme nouveau. Sa famille, dont la puissance s'est fondée sur le fisc impérial délaissé par l'Empereur, est depuis longtemps influente en Cahogne et on les voit souvent aux côtés des ducs. D'abord abondamment pourvu en terres autour de la ville de Savignon, les comtes vont profiter de l’affaiblissement du pouvoir ducal pour étendre leur domination sur une bonne partie des Landes, reprendre à leur compte les lambeaux de la puissance publique laissée à l'abandon par les ducs et usurper leurs prérogatives en s'octroyant les droits sur la justice, les finances et les hommes. Contrairement à d'autres barons de Cahogne, Raoul disposera d'une base territoriale forte et cohérente, ce qui fera de lui l'homme tout désigné pour diriger la destinée du duché à la mort de Thierry l'Aigle. Sa victoire sur Louis Fébus puis sur les Dremmens l'auréole de prestige et assoie son autorité sur la noblesse du pays. Assuré de l'appui de la petite noblesse et du clergé cahon, notamment de l'Archevêque, Raoul se sent assez fort pour restaurer à son profit le titre ducal. Il se fait sacrer duc à Vendaume, le primat préférant favoriser un état de fait plutôt qu'un prétendant plus légitime par son sang, déclarant que « la couronne ne peut revenir qu'au véritable protecteur du peuple Cahon ». Son autorité ne reposant sur aucune base légale, n'ayant aucune légitimité à s'asseoir sur le trône de Cahogne, il passera la majeur partie de son règne à imposer son pouvoir à ceux remettant en cause sa légitimité. Homme exceptionnel dans une époque de grands troubles, Raoul posera les bases de la restauration ducal, mais ses successeurs devront batailler longtemps pour reconquérir le domaine ducal démembrés par les années d'éclipse du pouvoir central au profit des seigneurs locaux. S'il parvient à rallier à lui une partie de la noblesse de Cahogne, à l'étranger son titre de sera pas reconnu. Mais plus que par les armes, la légitimité de Raoul passera par le soutien infaillible des ecclésiastiques, grands théoriciens de la fonction ducale, qui feront du duc l'incarnation d'une autorité supérieure, seule capable de ramener l'ordre et la paix en Cahogne. Le règne de Raoul marque les débuts de la grande alliance entre les ducs et l'Église de Cahogne qui ne sera que rarement remise en cause. ► Eudes Ier le Batailleur (1111-1126)
Lorsque son père meurt en 1011, Eudes est déjà associé au pouvoir depuis de nombreuses années et son héritage semble assuré. Malgré cela, l'Archevêque sera réticent à l'idée de le sacrer, refusant dans un premier temps d'enraciner une nouvelle famille sur le trône ducal. Finalement, devant la menace Dremmen à l'Est, Eudes sera sacré à Vendaume le 11 Ternembre (Mai) 1011. Surtout, l'Archevêque cherchera en Eudes un allié face aux prétentions du baron de Henri II d'Estaing qui malmène son clergé, notamment en refusant à l'un des protégés du Primat son élection à l'épiscopat de Rodiez. Dans le même temps, le baron prend le titre comtal en se proclamant comte de Trémanche et pratique une politique d'expansion et de prestige qui engendre des tensions avec ses voisins. Son opposition avec les nouveaux ducs devient inévitable. Toutefois, devant le manque de moyen du duc de Cahogne, le conflit se limitera à quelques escarmouches à la frontière de leurs domaines et le comte pourra assurer sa main mise sur une bonne partie de l'Est du duché. Les chroniques de l'époque gardent une phrase célèbre que le comte de Trémanche aurait lancé à son duc : « Venez donc me quérir en ma maisonnée », bien conscient de l'incapacité du duc à mener ses troupes jusqu'à lui pour le faire ployer. Ce conflit restera dans l'histoire pour être le début de la rivalité opposant les nouveaux ducs de Cahogne aux comtes de Trémanche. En vérité, Eudes ne sortira pas de son domaine, trop occupé à soumettre sa noblesse et à consolider son pouvoir. S'il ne marque pas d'extension territoriale majeur, n'ajoutant que l'Argenet à l'héritage paternel, le règne de Eudes reste important pour la consolidation du pouvoir ducal. Héritier d'un domaine riche mais instable, c'est Eudes qui pacifiera la région en mettant au pas la noblesse de Cahogne, défaisant la fortune des puissantes lignées nobles en leur prenant leurs châteaux et leurs biens. Duc batailleur et querelleur, doté d'un physique fait pour la guerre, son règne est une succession de luttes féodales pour le contrôle de son domaine afin d'y installer durablement l'autorité des nouveaux ducs et de mettre fin aux brigandages des petits seigneurs locaux nés du chaos de la guerre de succession. Malgré l'étroitesse de ses horizons, circonscrit au domaine ducal, l'action de Eudes est fondamentale dans le reconstruction du pouvoir ducal. Grâce à lui, ses successeurs bénéficieront d'un territoire unifié, pacifié, aux communications restaurées, et à l'économie soulagée des pillages et prélèvements arbitraires de seigneurs-bandits. Duc belliqueux, au courage à la limite de la folie, son comportement lui vaudra une mort jeune et héroïque lors du siège de Fort-Tonnerre, forteresse détenue par un félon. Disparaissant précocement sans laisser d'héritier, c'est son frère Raoul qui héritera du duché. ► Raoul II Beauclerc (1126-1144)
Frère cadet du duc Eudes, Raoul II hérite d'un territoire pacifié. Loin du caractère belliqueux de son frère, Raoul sera un duc érudit qu'on surnommera le "premier troubadour" ou le "grand mécène", et qui lui vaudra l'épithète de "beauclerc". Il révolutionne la société en la faisant passer de l'oralité à l'écrit, fonde la culture courtoise et rassemble autour de lui une cour d'artistes, de poètes et de scientifiques, lançant ce qu'on appellera la renaissance raoulienne. Son ordonnance de 1135 abandonne la Haute-Langue au profit du landique pour tous les textes administratif ; il promut ainsi la langue vulgaire des Landes qui se développe et s’épanouit à travers le notariat et la poésie. Mais Raoul Beauclerc ne sera pas qu'un duc lettré mais aussi un brillant chef militaire ainsi qu'un talentueux administrateur. Son règne, rendu possible par les deux précédents avec Raoul Ier posant une base idéologique et Eudes Ier pacifiant le domaine, marquera un timide début du redressement de l'autorité ducale. Raoul recrée autour de lui l'embryon d'une administration avec une cour stable et ses diplômes retrouveront des destinations plus lointaines qui réactivent les contacts avec les marges du duché, notamment en Maurannes. Il réforme le Conseil, dont un notaire enregistrera les décisions, puis convoquera les Etats de Cahogne pour la première fois depuis 40 ans, qui deviendra sous son règne le Parlement en instaurant des séances annuelles pour juger les affaires du duché. L'ouverture du Parlement sera un grand succès et l'administration ducale ploiera sous les demandes. Malgré cela, les grands feudataires de Cahogne continueront de parler de "nullité du duc", ne lui accordant aucune importance : à leurs yeux le duc passe pour un simple seigneur qui ne les surpasse en rien, ne lui reconnaissant à peine qu'une primauté dans sa fonction. Les conflits avec le comte de Trémanche débutés sous le règne précédent continueront avec Raoul II. Mais là où la force militaire ne peut rien le duc substituera intelligemment des solutions matrimoniales pour nouer des alliances. C'est ainsi qu'il épouse Hélène de Vassy, héritière du comté de Vassy. Son mariage avec la comtesse lui permettra de réintroduire les ducs dans le Pays-Plat et d'incorporer à son domaine les terres de la maison de Vassy et ses seigneuries dépendantes de Bassel et de Conday, profitant par la même occasion du gros travail de pacification des comtes et des institutions de la principauté qui vont inspirer Raoul pour moderniser celles du duchés. L'héritage du la maison de Vassy aura un effet secondaire important pour l'histoire de la Cahogne : il détourne l'attention des ducs vers le Pays-Plat, les forçant à délaisser pour un temps l'Est du pays, ce qui permettra l'expansion des comtes de Trémanche : les petits seigneurs ne pouvant plus compter sur un duc lointain pour se protéger des raids Dremmens, ils se regrouperont autour de la maison d'Estaing plus à même d'assurer leur sécurité. Mais l'événement le plus important du règne de Raoul reste la reconnaissance de son titre. Alors que le Grand Interrègne prend fin, le nouvel Empereur Lothar II Magnus officialise le pouvoir détenu par les nouveaux ducs sur les Franges Orientales par le recès du Sénat du 1er Quintembre (Juillet) 1131 tout en lui octroyant un titre de prince électeur. Malgré tout ses efforts, le règne de Raoul restera entaché par ses relations tumultueuses avec l'Église. A la mort d'Hélène de Vassy, Raoul tente de se remarier à l'une de ses favorites dont il est très amoureux. Mais celle-ci étant déjà mariée, l'Église demande à Raoul de rendre son amante à son époux légitime. Devant son refus, il est excommunié. En vérité, l'affaire est bien plus compliquée. Depuis longtemps Raoul mène une politique d'opposition à la théocratie de l'Archevêque, le principale sujet de discorde étant la justice et le for ecclésiastique. Raoul, avec son Parlement, veut faire de la justice ducale l'institution supérieure en Cahogne et se veut au dessus des tribunaux ecclésiastiques, ce qui entraîne une rivalité entre les deux juridictions. Le duc autorise ainsi l'appel d'un jugement rendu par un tribunal de l'Église, ce qui remet en cause l'indépendance de la justice épiscopale. L'excommunication du duc ne sera qu'un moyen pour le Primat des Franges Orientales de rappeler sa primauté et de mettre un frein aux ambitions ducales. Mort excommunié, Raoul II sera le seul duc de sa dynastie à ne pas être transféré dans la nécropole ducale du Sanctuaire de Soulans, ne pouvant être inhumé en terre sacrée.
Saint Hugues le Martyr (1144-1154)
Détesté par son père, comme il détestait sa mère, à la mort de celle-ci Hugues est envoyé dans un monastère pour être élevé par des moines. C'est là qu'il acquerra son amour pour la religion, faisant de lui un homme austère et dévot totalement soumis à Dieu et son Église. Son manque d'éducation politique expliquera son manque de discernement et ses erreurs futurs. Finalement sans autre héritier, Raoul Beauclerc rappellera son fils à la cour peu avant de mourir. Hugues hérite alors du duché de Cahogne par son père et du comté de Vassy accompagné des seigneuries de Bassel et de Conday par sa mère. A son avènement, il devient l'un des plus puissants seigneurs de Cahogne, mais son domaine, séparé entre le Pays-Plat et les Landes, manque de cohésion géographique et politique rendant son administration compliquée. Les débuts du règne de Hugues Ier sont marqués par des crises financières et des tensions sociales. Héritant du comté de Vassy, espace fortement urbanisée très différent du paysage des Landes, il est confronté à l'émergence des communes. Hugues gérera très maladroitement les querelles l'opposant aux villes platoises, butant sur les différences culturelles entre lui, Landais, et ses nouveaux sujets Platois. En 1151, répondant à l'appel à la croisade pour libérer les terres impériales du Ponant malmenées par les infidèles Sanlars, Hugues décide d’aliéner tous ses biens pour prendre la croix, laissant derrière lui un pays troublé par les évolutions sociales. Les chroniqueurs ont beaucoup discuté sur les raisons de cette décision. Certains prétendent que Hugues voulait racheter l'excommunication de son père en faisant un acte de foi capable de sauver son âme, mais cela est peu probable tant le duc portait peu son prédécesseur dans son cœur. D'autres ont imaginé que le duc voulait fuir les problèmes de son pays, fatigué par les querelles et les intrigues de la cour pour se concentrer sur un objectif qu'il considérait plus noble. D'autres encore font simplement référence à son extrême piété pour expliquer son geste, mettant en avant la dévotion sincère du duc envers l'Église et son amour pour Dieu. Quelque soit ses motivations, Hugues Ier restera quatre années au Ponant et ne rentrera jamais en Cahogne. Après avoir libéré la ville de Marameth et le tombeau de saint Nicopaul, il meurt en 1154 à la bataille de Monjoie, fauché par une cimeterre Sanlar. Duc malavisé mais plein de bonté, le court règne d'Hugues Ier ne voit qu'un point positif : il parvient à faire épouser sa fille aînée Clotilde au fils de Lothar Magnus, le futur Empereur Lambert, marquant la reconnaissance de la maison de Cahogne et son entrée dans les hautes sphères impériales. Son règne aura aussi le mérite de mettre en avant la stabilité retrouvée du pouvoir ducal. Si le duc peut se permettre de s'absenter pour combattre à l'étranger cela montre que son autorité est suffisamment respectée pour s'appliquer sans lui. Avant de partir pour sa croisade, Hugues convoque le Parlement pour lui octroyer des subsides afin de financer son expédition, fait enregistrer son testament et ses instructions, puis investit l'Archevêque de la tutelle du duché. Finalement, sa réelle importance se trouvera dans sa mort qui fera de lui un héros de la croisade. Sa fille Clotilde saura exploiter sa légende pour rehausser le prestige de la dynastie ducale et souligner son caractère sacré et protégé de Dieu. En 1162, suite au miracle de ses ossements retrouvés sur une plage du Pays-Plat avec son armure et son épée, Hugues sera canonisé par l'Archevêque sous le nom de saint Hugues le Martyr, huit ans seulement après sa mort. Clotilde, élèvera un temple à Soulans pour y garder ses reliques qui depuis ne cessent de prodiguer ses miracles à ceux qui viennent s'y recueillir. Son arrière petit-fils, le duc Hugues II, en fera le saint patron du duché et rapidement saint Hugues remplacera saint Judicaël dans la trinité sacré de Cahogne, aux côtés de saint Adrien et de saint Sabin.
Clotilde l'Emperesse (1154-1191)
Parti à la guerre sans laisser d'héritier mâle, Hugues Ier désigne dans son testament sa fille aînée Clotilde pour lui succéder. Tout juste veuve de l'Empereur Lambert, mort précocement de maladie après un règne de 2 ans, celle qu'on surnomme "l'Emperesse" parvient à s'imposer sur le trône en se faisant reconnaître duc par le Parlement grâce au travail de ses légistes qui entérinent la validité des dernières volontés paternelles. Le règne de la duchesse Clotilde la Chaste marque un pivot dans l'histoire du duché, non seulement parce qu'elle fait le lien entre la seconde maison de Cahogne et la troisième, la maison de Bohain, mais aussi parce qu'elle va moderniser considérablement l'administration ducale. Profitant de son expérience acquise à la cour impériale, Clotilde va réformer sa cour en créant les trois bureaux (chancellerie, surintendance et connétablie), en mettant en place les sénéchaux et les baillis, puis en développant le Parlement. Au cour de son règne, l'union personnelle formée par le duché de Cahogne et le comté de Vassy devient un véritable état unifié avec un pouvoir central fort et unifier. En rachetant Soulans au seigneur de la ville qui désire se croiser, elle dote le duché d'une capitale et met fin à l'itinérance de la cour en sédentarisant les principales institutions ducales dans un grand palais qu'elle fait construire. Une grande partie de son règne sera consacrée au développement de cette ville qui finira par rivaliser avec les plus grandes cités de l'Empire. Sous l'Emperesse, le duché de Cahogne connaîtra un age d'or, de paix et de prospérité. Pourtant, la duchesse doit faire face à deux graves problèmes : les problèmes financiers engendrés par la coût exorbitant de la croisade de son prédécesseur et l'agitation provoqué par l'absence de celui-ci qui a entraîné une recrudescence des guerres privées, du brigandage et des velléités d'autonomie de certaines villes ducales, notamment avec l'instauration des communes qui n'a pas été réglée. Grâce à son habile politique, Clotilde met au pas la noblesse et parvient à sauver les biens ducaux mis en gage par son père. Puis elle octroi diverses chartes de franchise aux cités platoises leur assurant libertés et privilèges, dont la Joyeuse Entrée qui servira de base au droit public platois, ce qui ne sera pas sans mécontenter les évêques très hostiles aux communes, craignant que leur autorité sur les grandes villes épiscopales ne se retrouve affaiblie. Pour s'attirer les faveurs de l'Église, Clotilde signera le Concordat avec l'Archevêque qui lui réaffirmera sa primauté spirituelle sur la Cahogne, restaurant l'alliance entre l'Église et le duché mis à mal par l'excommunication du grand-père. Cette alliance sera très importante tout le long du règne de la duchesse et culminera par la canonisation d'Hugues Ier qui sera perçu par certains comme une manœuvre politique afin que la dynastie dispose d'une figure sainte parmi ses ancêtres. Sur le plan politique, Clotilde inaugure un renversement des rapports de force en faisant du duc le plus puissant seigneur de Cahogne, capable cette fois de rivaliser avec les grands feudataires. Elle saura s'attirer de puissants alliés, notamment par l'alliance avec les comtes de Belfort en mariant sa sœur Jeanne à Lothaire l'Ancien, puis réussira à limiter l'expansion de ses dangereux voisins comme le comte de Trémanche. Ayant de nombreux contacts avec la cour impériale pour y avoir vécu, le duché sera proche des affaires impériales durant tout le règne de la duchesse. ► Lothaire le Jeune (1191-1233)
Sans enfants de l'Empereur, Clotilde refusera obstinément de se remarier, un choix pieux pour certains, politique pour d'autres. Ainsi, à la veille de sa mort, l'Emperesse choisira d'adopter son neveu Lothaire, plus jeune fils de sa soeur Jeanne et du comte de Belfort Lothaire de Bohain dit l'Ancien. Déjà comte à la mort de son père, Lothaire hérite du titre de duc de Cahogne après que le Parlement ait enregistré le testament de Clotilde et ce malgré les oppositions. L'accession au trône de Lothaire n'est pas simple car ce Platois d'origine est mal perçu par une administration composée en majorité de Landais. C'est seulement grâce à son charisme et son habilité politique que Lothaire parviendra à se faire accepter de ses sujets Landais. Le nouveau duc va opérer un rapprochement entre les noblesses landaises et platoises en faisant entrer dans l'administration plusieurs chevaliers et clercs du Pays-Plat. Aussi, ses origines lui permettront d'apaiser les relations entre le duc et les communes platoises qui refusaient jusque là d'être sous la suzeraineté d'un prince Landais. Ajoutant au patrimoine ducal les grands domaines de sa famille paternelle, Lothaire fera passer le duc de simple seigneur châtelain parmi d'autres au plus puissant prince féodal des Franges Orientales, inaugurant une nouvelle politique bien plus active que celle de ses prédécesseurs. Tout le règne de Lothaire sera marqué par une recrudescence des conflits avec les comtes de Trémanche. Sa puissance lui octroyant de nouveaux moyens, le duc pourra enfin s'engager dans une guerre ouverte avec son voisin. Le conflit, incessant pendant 20 ans, mobilisera d'importantes forces mais ne se résumera souvent qu'à des escarmouches sans résultats décisifs. La guerre aura le mérite de stimuler la transformation de l'organisation administrative motivée par la recherche de ressources pour payer les mercenaires. La guerre fera de la chevalerie ducale l'une des plus brillante de l'Empire et la noblesse connaîtra un enrichissement sans précédant grâce aux pillages et aux rançons. Le règne de Lothaire restera comme l'age d'or de la chevalerie, inspirant bon nombres de chansons de geste. A sa mort, Lothaire inaugure une nouveauté en introduisant le système de l'apanage propre aux coutumes du Pays-Plat : dans son testament, il lègue le duché à son aîné, Hugues, mais confie le comté de Porez à son second fils tout en l'inféodant à son frère. Lothaire le Jeune restera dans l'Histoire comme la figure idéale du parfait chevalier. ► Hugues II le Magnifique (1233-1274)
Le redressement du pouvoir ducal effectué par Lothaire se remarquera lors du sacre de son successeur Hugues II où participent plusieurs grands feudataires des Franges Orientales qu'on n'avait pas vu à la cour ducale depuis des siècles en plus d'autres grands personnages de l'Empire. Arrivé au pouvoir à l'age de 21 ans, Hugues est déjà bien aguerri par son association au trône que son père voulut dès ses 16 ans. Son règne coïncide avec la période du Petit Interrègne où le trône impérial reste vacant pendant 10 ans. Hugues se lance alors dans la course à l'Empire, bataillant pendant des mois pour convaincre les électeurs, à coup d'ambassades et de négociations, mais surtout de précieux cadeaux qui mettront à mal les finances ducales. Malgré tous ses efforts, les électeurs lui préféreront le calave Manoel Prado. Hugues en gardera une certaine rancœur et une grande rivalité entre lui et le nouvel Empereur. Déçu par son aventure impériale, Hugues se concentre ensuite sur son domaine et son développement. Il se lance alors dans de grandes réformes qui vont transformer peu à peu la monarchie féodale en monarchie administrative, faisant de la petite noblesse des agents ducaux dépendants de ses rentes. Sous son règne, le Parlement se peuple de légistes, des professionnels de la justice, et les maîtres des requêtes sont créés. Il fonde des ateliers monétaires dans tout le pays et instaure la livre soulanaise, durcit les lois contre les faux monnayeurs, puis s'intéresse de près à l'industrie textile du Pays-Plat qu'il dynamise par plusieurs mesures avantageuses. Il tente d'introduire l'industrie dans la Marche-Franche mais son initiative est peu suivie, puis commence la colonisation de la Transgarde après son intervention pour protéger les prédicateurs triaphysites des païens Dremmens. Le règne de Hugues II est aussi marqué par un regain de tension avec la maison d'Estaing : la présence de colons cahons au delà de la Garde crée un conflit de juridiction entre le duc et le roi d'Estovie récemment converti, Bogdanil Karius, qui revendique la suzeraineté sur la région ; celui-ci, allié aux comtes de Trémanche, recherche leur appui pour faire valoir ses droits. Sentant le besoin de se trouver des alliés dans les Franges Orientales, Hugues se rapprochera de son voisin, le vicomte du Landéron en soutenant les revendications de Gonthier d'Espeyrac contre sa tante Saurimonde puis en mariant son fils, le futur Hugues III, à la fille du vicomte. Surtout, Hugues sera confronté à l'émergence de la république de Vaucouleur. Depuis plusieurs années, la ville portuaire de Vaucouleur s'était enrichit grâce à un important patricien urbain impliqué dans le commerce au long cours. Accablée par les taxes ducales, la cité finit par se révolter pour se conjurer en une commune indépendante, proclamant la république. Les fidèles du duc sont chassés et trouvent refuge à Soulans, avant que Hugues ne lève une armée pour mettre le siège sur la ville. La bataille navale au large de Vaucouleur voit la victoire de la république sur la flotte ducale, et sans blocus maritime le siège s'enlise. Échouant à prendre la ville, Hugues finit par accepter l'arbitrage de l'Archevêque et l'ingérence de l'Empereur qui offre à la cité le statut de ville libre. Un traité de paix est signé, sans que le duché ne reconnaisse le nouveau statut de la ville. Depuis, les relations sont tendues entre Vaucouleur et le duché qui réclame toujours sa suzeraineté sur la cité marchande. Hugues s'éteint à 62 ans de mort naturelle. Dans son testament, il décide de poursuivre le système d'apanage introduit par son père en 1233 : si le duché échu à Hugues III, fils aîné du duc, son fils cadet, Hubert, reçoit la baronnie de Vaudrincourt qu'il élève au rang de comté. Il laissera le souvenir d'un souverain avisé et habile qui modifia profondément le duché par de grandes réformes fiscales, militaires et judiciaires. Son intelligence est toujours louée aujourd'hui par la propagation de ses "bons mots", traits d'esprit révélant l'humour et la subtilité du duc. Par contraste avec le règne suivant, l'époque de Hugues II sera vu comme une période de prospérité et d'essor commercial. Plusieurs surnom lui seront accordé : Hugues le Réformateur, pour toutes ses réformes ; Hugues le Pieux pour sa passion des lieux de cultes et ses nombreux achats de reliques ; mais il restera à la postérité sous le surnom d'Hugues le Magnifique, pour sa prestance, sa beauté et son sens de l'opulence. ► Hugues III le Bâtisseur (1274-1299)
Hugues III hérite d'un duché stable et puissant mais fortement handicapé par ses finances, alourdies du poids des emprunts contractés par son prédécesseur afin de mener sa politique faste et ses grands projets. Malgré cela, Hugues III, désireux de poursuivre les entreprises débutées par son père, ne fera qu'accentuer les problèmes fiscaux en ne réglant rien. Plusieurs grands événements vont occuper les 25 ans de règne de Hugues : la poursuite de la colonisation de la Transgarde, l'avènement de Comte en Mauranne Hélier III de Jurenne, la guerre du Vaujour contre le Valais puis la guerre civile de Cahogne. Dès sa prise de pouvoir, Hugues tentera de relancer la colonisation au delà de la Garde en octroyant de nouveaux privilèges aux colons et en investissant beaucoup d'argent. Le renouveau de la présence cahonne sur les terres Dremmens réveillera l'hostilité des païens et le duc sera confronté une nouvelle fois à leur forte résistance. Toujours plus coûteuse et très peu rentable, Hugues III finira par confier la défense de la Transgarde à l'Ordre des chevaliers Portes-Croix à qui il concède terres, forteresses et privilèges. La sortie des forces ducales de la Transgarde permettront aux finances de respirer, mais au profit d'une nouvelle force politico-religieuse, l'Ordre prenant beaucoup d'importance en Cahogne. En 1279 un péril menace le duché avec l'avènement d'Hélier III de Jurenne qui se proclame comte en Mauranne. Craignant de voir apparaître un nouvel état indépendant à la périphérie du duché, Hugues veut faire preuve de fermeté et lève l'ost pour éteindre les ambitions de son jeune vassal. Alors que l'armée ducale traverse la Rosevallée, ils tombent dans une embuscade et sont massacrés. Le connétable Richard Tancarvelles et le baron Geoffroy de la Tour d'Arcy y trouveront la mort avec d'innombrable soldats. Cette défaite ne laisse rien présager de bon pour le règne de Hugues III, qui passe déjà pour un incapable. Il faudra attendre 5 ans pour voir la défaite d'Hélier III, battu par les troupes menées par Hugonet, fils aîné d'Hugues III alors âgé de seulement 17 ans. Hélier capturé et enfermé à Soulans, son domaine mis sous séquestre et ses enfants pris en otages, la rébellion des Maurannes prendra fin. Toutefois, Hugonet reviendra de la guerre très atteint physiquement, et après une lente agonie il mourra en 1291. En 1290, Hugues négocie avec son voisin le comte de Valais Étienne Landebroc la mise en gage du Vaujour avec ses villes de Raveaux et de Noyer-le-Grand contre 500 000 livres. Hugues monte un projet financier établi sur des prêts, la vente d'offices et de rentes, ainsi qu'une augmentation des taxes, afin de réunir la somme demandée par le comte. Le traité est finalement signé avec les conditions suivantes : si le comte ne parvient pas à rembourser le duc au bout de 10 ans, Hugues obtiendra la pleine souveraineté sur le Vaujour. 4 ans plus tard, Étienne meurt sans avoir pu rembourser le duc. Prétextant que le contrat ne liait que le duc et son prédécesseur, le nouveau comte du Valais, Robert, fils bâtard d'Etienne, refuse de rembourser quoi que ce soit ou d'abandonner le Vaujour. Hugues sera alors obligé de lever son armée afin de défendre ses droits sur la région. Croyant la victoire rapide, la forte résistance de la population locale, toute acquise au nouveau comte, l'obligera à faire le siège des places fortes pendant plusieurs mois tout en subissant le harcèlement des troupes de Robert. Malgré la prise des châteaux d'Annoisin et de Claujacques, la région restera turbulente, le peuple refusant la suzeraineté du duc. De plus, en ne réussissant pas à mettre la main sur Robert, aucune paix ne sera possible. En s'enlisant ainsi, la guerre deviendra un véritable gouffre financier, avalant toutes les ressources du duché pour aucun résultat, ce qui aura pour effet de rendre le duc très impopulaire. Après son échec devant la capitale du comté de Valais, Hugues décide de rentrer à Soulans de l'idée de revenir avec des renforts. Ses entreprises demandant toujours plus d'argent frais, le duc convoque le Parlement pour demander une aide féodal exceptionnelle. Le Parlement entérine de peu le décret, mais c'est la goutte d'eau pour un peuple déjà bien trop grévé par les impôts. La colère gronde dans les rues de Soulans, puis l'insurrection éclate lors d'un échauffourée entre des mécontents et des gardes ducaux. Dépassé par les événements, l'insurrection dégénère en véritable révolte, forçant les gardes à se replier avec le duc dans le palais ducal. Hugues restera ainsi assiégé pendant de longs mois avant que l'armée ducale n'intervienne, conduite par le connétable Mauger de Tancarvelles. En entrant dans la capitale après un assaut rapide sur les défenseurs sans expérience, les soldats commettent de terribles exactions, massacrant les insurgés et brûlant une partie de la ville. Malgré la victoire militaire du duc dont les forces écrasent les rebelles, Hugues doit concéder des droits et des privilèges au peuple de Soulans afin de rétablir l'ordre dans sa capitale. Ainsi, il accorda la prévôté à la ville par l'octroi d'une charte de franchise, les citadins obtenant le droit de désigner ses représentants. Puis il leur donna le droit de se défendre eux mêmes, interdisant désormais à l'armée ducale d'entrer dans la ville. Mauger de Tancarvelles fût démit de son office de connétable, rendu responsable du massacre perpétué sous ses ordres. La révolte de Soulans sera le point de départ de la guerre civile qui va embraser la Cahogne jusqu'à la mort de Hugues III. Profitant de la crise, plusieurs barons hostiles au duc se liguent et se révoltent. Ils prennent pour champion le propre cousin de Hugues III : le comte Raoul de Porez, petit-fils du duc Lothaire et prétendant au trône de Cahogne. Raoul rassemble les mécontents autour de lui et revendique la couronne, plongeant le duché dans la guerre civile. Alors qu'Hugues se retrouve en très mauvaise posture, il parvient finalement à remporter la victoire décisive sur Raoul à la bataille de Touillebou. Sévèrement blessé, Raoul se réfugie au château de la Roche-Bouillon où le duc l'assiège, pour finalement mourir de ses blessures, mettant fin de facto au conflit. Hugues III ressort de la guerre très affaiblit après être tombé malade de la dysenterie. Alité, et en l'absence de son fils héritier parti en croisade, la réalité du pouvoir échappera peu à peu au duc au profit de ses grands conseillers : le chancelier Espien de Raysac, le surintendant Charles Daguerre, et le nouveau connétable Charles d'Annequin. Jusqu'à sa mort, le duc n'apparaîtra plus en public, laissant courir de nombreuses rumeurs sur sa santé et sa supposé folie. Le duc finit par expirer en début d'année 1299, forçant son fils Eudes à revenir de croisade. Hugues III laisse le souvenir d'un homme élégant et courtois, très charmant avec les femmes mais manquant d'autorité avec les hommes. Ses déboires dans le Vaujour et son caractère faible le feront passer pour un incapable. Prince malheureux, surtout après la mort de son fils aîné où on le dira dépressif, le règne de Hugues III marque un arrêt dans le redressement de la monarchie ducale en raison notamment de ses dettes et du manque d'argent. Pourtant, Hugues est loin d'avoir démérité, compte tenu de ses difficultés et subissant les retombés d'un règne précédant mené sans vision à long terme. Les chroniques l'évalueront à un prince de valeur moyenne, affligé d'une propension à l'indolence et un manque de goût à l'égard du gouvernement, ce qui explique en partie les prétentions de son cousin à le remplacer. Passionné d'architecture, Hugues se lance tout au long de son règne dans de grandes entreprises de construction et de rénovation qui vont peser sur les finances ducales. Il commence par rénover le palais de Soulans qu'il garnit de meubles luxueux, et réorganise l'ordre des tombes dans la nécropole ducale du Sanctuaire avant de continuer le projet de son père en améliorant le port de la Rochette pour en faire la rivale de Vaucouleur. La Transgarde, où tout est à faire, devient son terrain de jeu favori, même s'il n'ira jamais y mettre les pieds. Il dessine lui même les plans de Soulans-la-Neuve et s'investira personnellement dans sa construction. Le nombre impressionnant de ses constructions et rénovations lui laisseront le surnom de "bâtisseur". Il est aussi le créateur de la garde Housecarles qui remplacent la garde Sigillaire dissoute après avoir rejoint Raoul de Porez dans sa révolte. ► Eudes II d'Outremer (1299-en cours)
Second fils d'Hugues III et de Constance d'Espérac, Eudes devient l'héritier du duché de Cahogne à le mort de son frère aîné Hugues dit "Hugonet". Bercé par les romans de chevalerie et rêvant de réitérer les exploits de son saint aïeul mort en croisade, Eudes décide de prendre la croix alors qu'il n'a que 17 ans. Il s'embarque pour les états croisés et ne rentrera que 5 ans plus tard après l'annonce de la mort de son père. De retour en Cahogne, très marqué par la croisade, Eudes doit faire face à la corruption de son administration tombée entre les mains de ses grands officiers et à l'instabilité du duché suite à la guerre civile. Il est sacré à Vendaume le 25 Cadembre (Juin) par l'Archevêque Adrien IX puis s'embarque dans la foulé pour le Vaujour afin d'y appuyer de nouveau les droits du duc de Cahogne sur la région. Son séjour en Terre Saint lui vaut le surnom de "Lionceau", mais en Cahogne il sera appelé Eudes "d'Outremer".